CNI – « Oui il y a une mafia en Corse » : un débat public à Bastia pour interroger les candidats aux territoriales

Pierre-Manuel Pescetti le Jeudi 24 Juin 2021 à 08:07

Peut-on parler de mafia en Corse ? Comment la société peut-elle se défendre ? C’était l’objet du débat public organisé à Bastia ce mercredi 23 juin par les collectifs anti-mafia Massimu Susini et A maffia nò, a vita iè. Pendant près de deux heures les membres des collectifs et le public ont pu échanger avec les représentants des listes encore présentes au second tour de ces élections territoriales.

Pendant près de deux heures, collectifs anti-mafia, candidats aux territoriales et public ont échangé autour de l'emprise mafieuse sur la société insulaire. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

Pendant près de deux heures, collectifs anti-mafia, candidats aux territoriales et public ont échangé autour de l’emprise mafieuse sur la société insulaire. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

« Oui il y a une mafia en Corse. Il faut nommer le mal pour mieux le combattre et arrêter de s’attarder sur la sémantique ». C’est le message clamé, haut et fort, par le collectif Massimu Susini et A maffia nò, a vita iè ce mercredi 23 juin à Bastia. Tous deux étaient réunis sur le kiosque de la place Saint-Nicolas pour un débat public filmé en direct autour de l’emprise mafieuse sur la société corse et sur les pistes de solutions pour s’en défaire. Pour l’occasion, ils avaient invité un représentant de chacune des quatre listes encore présentes au second tour des élections territoriales 2021. À tour de rôle, chacun s’est exprimé sur la question.

Le terme mafia approprié ?

Pour Jean-Toussaint Plasenzotti, membre fondateur du collectif Massimu Susini « il y a une porosité très active entre la politique, le monde économique et quelques bandes mafieuses, il ne faut pas le nier ». Mais peut-on vraiment parler de mafia ? Pour Jean-Martin Mondoloni, représentant de la liste Un Soffiu Novu, « il y a bien une criminalité plus ou moins organisée sur l’île ». Le sujet reste complexe. Mécanismes de collusion, banditisme, bandes organisées. Chacun y va de son propre terme. Mais au final, tous arrivent, même timidement, à un consensus sur la sémantique.

Une collectivité impuissante ?

Sur le fond c’est autre chose. Résoudre le problème de l’emprise mafieuse est-il seulement de la responsabilité de l’Etat et de ses pouvoirs régaliens ? Ou la collectivité de Corse peut-elle participer grâce à ses outils de politique publique ? Besoin d’éducation, formation professionnelle de la jeunesse, lutte contre la spéculation foncière, lutte contre les monopoles, transparence sur les appels d’offre, modification du PADDUC, gestion publique des déchets. Les avis divergent faiblement sur les solutions que peut apporter la collectivité de Corse.

Pour Vanina Le Bomin, présente sur la liste Avanzemu pè a Corsica, « il faut travailler sur deux axes majeurs : réduire la fracture sociale et mettre en place une politique de formation forte pour notre jeunesse ». Eloigner la jeunesse du mythe de l’argent facile. L’idée est partagée par tous. Mais pour Jean-Martin Mondoloni, « la lutte doit être multisectorielle car les causes sont multiples ».

« Changer de modèle économique ». Pour Gérard Dykstra qui représentait la liste Core in fronte, il faut changer la société en profondeur et s’éloigner d’une économie résidentielle qui aggrave le phénomène mafieux.

Du côté de Fà populu inseme, représenté par le député Jean-Félix Acquaviva, les priorités sont nombreuses. Sanctionner les surprofits injustifiés dans certains secteurs, travailler sur l’éducation des nouvelles générations. « On ne peut pas fuir nos responsabilités d’élus » lance Jean-Félix Acquaviva. Cette responsabilité est celle du quotidien des Corses. Celui que gère la collectivité de Corse, malgré des prérogatives et des leviers plus faibles que ceux d’un Etat. Pourtant, pour les collectifs anti-mafia, l’institution territoriale dispose des moyens pour une lutte efficace. « Il faut que les élus, en plus de mettre en place des politiques publiques efficaces, insistent auprès de l’Etat pour mettre en place un véritable arsenal juridique rendant obligatoire la confiscation des avoirs des criminels. Il faut taper dans le portefeuille ! ».

Seule certitude pour les collectifs anti-mafia, il faut agir rapidement car « plus on attend, plus il faudra de moyens et plus ce sera difficile de s’en débarrasser ». 

Lien : https://www.corsenetinfos.corsica/Oui-il-y-a-une-mafia-en-Corse-un-debat-public-a-Bastia-pour-interroger-les-candidats-aux-territoriales_a58491.html

Corse Net Infos – Cullittivu anti maffia Massimu Susini : non au projet du nouveau plan de gestion des déchets de la Corse

Dans un communiqué le Cullittivu Massimu Susini demande de retrait immédiat de la délibération concernant l’avis au projet de plan territorial de prévention et de gestion des déchets et de l’économie circulaire de la Corse. Selon lui, Un avis favorable de l’assemblée de Corse le 21 décembre engendrerait « une nouvelle étape dans la prise de pouvoir de la mafia sur la gestion déchets en Corse avec l’aval des élus et de l’Etat »

Le projet du nouveau plan de gestion des déchets de la Corse (élaboré par le Cabinet d’Etudes Elcimaï Environnement proche des multinationales qui captent aussi le marché des déchets après avoir capté celui de l’eau et ayant travaillé pour la CAPA) et le rapport qui doivent être soumis pour avis à l’Assemblée de Corse le 21 décembre prochain, s’ils reçoivent un avis favorable, engendreront une nouvelle étape dans la prise de pouvoir de la mafia sur la gestion déchets en Corse avec l’aval des élus et de l’Etat.

Ce projet, qui prône, en façade, la prévention de la production de déchets et le tri, acte pourtant deux faits majeurs:

  • Le retour probable de l’incinération avec la prévision éventuelle d’un incinérateur de140000 tonnes ou de chaudières à combustibles solides résiduels issus du tri des déchets.
    Au-delà des problèmes réels de nocivité pour la santé et l’environnement, ce projet de plan ajoute clairement une supplémentaire et très chère étape au traitement des déchets en Corse…pourtant déjà le plus cher d’Europe. Nous payerons ainsi au prix fort l’incinération alimentée par un tri médiocre, mais cher, ainsi que l’enfouissement des cendres et mâchefers et autres REFIOM (poussières toxiques captées par les filtres à envoyer en centre d’enfouissement pour produits dangereux sur le continent). Double traitement- Double transport – Double profit….
  • Le tout-privé dans la gestion des déchets:la collectivité publique construisant les équipements au prix fort et en délégant la gestion aux groupes privés, collectivisation des dépenses mais privatisation des profits.Le pendant juridique du volet technique est bien celui d’un choix conscient d’ouvrir de nouveaux marchés aux appétits les plus voraces. Pourtant la porosité entre banditisme –élus –grandes entreprises du déchet est bien connue, et l’Assemblée de Corse, avec le vote du nouveau Plan, prendrait une lourde responsabilité dans l’aggravation de l’implantation de la mafia et des grands groupes en Corse

Pour nous, trois principes fondamentaux doivent être appliqués de façon indissociable dans la gestion des déchets pour éradiquer le pouvoir de la mafia dans ce domaine et lui soustraire les marchés :

  • Définir en amont le prix acceptable de la gestion des déchets en Corse au regard d’un niveau de tri qui doit dépasser les 70 %, comme c’est le cas dans une grande partie de l’Europe aujourd’hui et notamment plusieurs régions d’Italie. Les corses paient toujours plus…pour des résultats toujours aussi médiocres. Nous sommes dans une situation de pillage organisé ou les sommes dépensées par les Collectivités augmentent sans cesse sans analyses du rapport prix/efficacité
  • Gérer de façon 100 % publique (soit en régie, soit sous forme de Sociétés Publiques Locales associant la CDC et les intercommunalités) les collectes, les installations structurantes(centres de tri, grandes plateformes de compostage…),le transport ainsi que la valorisation et la revente des matériaux triés.
  • Être autonomes dans nos modes de traitement: ne pas exporter nos déchets et appliquer en urgence les mesures de collecte de tri et de compostage indispensables pour réduire l’enfouissement à moins de 30 %
    A quand la cohérence entre les discours et les actes? Quand sortiront nous enfin de la spirale nocive du trafic des déchets?

Source : https://www.corsenetinfos.corsica/Cullittivu-anti-maffia-Massimu-Susini-non-au-projet-du-nouveau-plan-de-gestion-des-dechets-de-la-Corse_a54313.html

Corse Matin – Le collectif Massimu Susini veut inscrire la lutte anti-mafia dans la loi

Photo Jonathan Mari

U cullittivu Massimu Susini veut faire inscrire dans la loi des dispositifs pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée.

À cet effet, une délégation (Jean-Toussaint Plasenzotti, Jean-Jérôme Mondoloni, Christiane Muretti) a eu une entrevue, hier à Bastia, avec le député de la Haute-Corse Michel Castellani.

Une autre a rencontré à Ajaccio son homologue de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Ferrara ; une entrevue similaire a eu lieu la semaine dernière avec Paul-André Colombani tandis qu’un rendez-vous est fixé, début octobre, avec Jean-Félix Acquaviva.

Le collectif anti-mafia va aussi solliciter les deux futurs sénateurs. Auparavant, il a rencontré le président du conseil exécutif Gilles Simeoni et celui de l’assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni.

S’il poursuit son action pour rappeler leurs prérogatives à l’État et à la Justice « face à la non-élucidation de la quasi-totalité des assassinats » (une audience a été demandée au procureur général), aux élus de la Collectivité de Corse « pour qu’il y ait une transparence totale dans l’attribution des marchés publics », sa démarche « entre aujourd’hui dans une autre dimension », souligne Jean-Toussaint Plasenzotti.

L’idée est de sensibiliser les parlementaires pour qu’ils portent une proposition de loi « qui reconnaisse le délit d’association mafieuse ». 

La loi italienne, citée en exemple, « est appliquée dès qu’une personne est réputée avoir un lien avec le crime organisé », signale Jean-Jérôme Mondoloni, avocat honoraire, qui note également qu’elle s’attaque aux aspects les plus insidieux comme « la force d’intimidation ».

Selon le collectif, qui se réfère aussi au dispositif mis en œuvre depuis longtemps aux États-Unis et à la prise de position du Parlement européen, « une démocratie doit pouvoir exiger d’une personne qui entretient des relations avec une organisation criminelle qu’elle fasse la démonstration qu’elle a acquis ses biens avec des revenus licites et à défaut de les confisquer ». 

La loi française doit d’ailleurs « aller plus loin en matière de confiscation de biens criminels », estime Jean-Toussaint Plasenzotti.

« Il faut, comme en Italie, des saisies préventives, et que cela soit obligatoire et non une possibilité. » 

Le collectif prône aussi l’amélioration du statut de coopérateur de justice (« repenti ») qui en l’état actuel « n’est pas satisfaisant » et veut œuvrer auprès de la jeunesse pour « qu’elle ne soit pas fascinée par l’argent des voyous« .

S’il se réjouit du vote à l’unanimité par la CdC d’une motion sur l’évaluation des politiques publiques, le cullittivu demande aux élus territoriaux, détaille Me Mondoloni, « d’agir concrètement » en renforçant le contrôle des marchés publics « comme celui des déchets », « d’attaquer les PLU et cartes communales illégaux », « de lutter contre la spéculation immobilière et foncière » et « de ne pas laisser les associations de protection de l’environnement seules en première ligne ». 

Il veut aussi « faire la jonction entre les élus de la CdC qui, après des réticences chez certains, montrent une écoute attentive et la population où l’on sent une prise de conscience face à la mafia ».

À l’initiative de députés, une réunion devrait associer, par la suite, les collectifs Massimu Susini et A maffia nò, a vita iè, les six parlementaires, le député européen, les présidents de l’exécutif et de l’assemblée de Corse.

Le député Castellani a souligné, à l’issue de cet entretien, que « la société doit reposer sur des bases saines. C’est un problème de société fondamental qui doit être traité en commun ».

Source : https://www.corsematin.com/articles/le-collectif-massimu-susini-veut-inscrire-la-lutte-anti-mafia-dans-la-loi-112411

Corse Matin – Collectif Massimu Susini : « Ce n’est pas une vendetta ! »

Ce collectif a tenu une conférence de presse hier matin devant le tribunal d’Ajaccio. Son but, explique-t-il, n’a jamais été de venger Massimu Susini mais de lutter contre la mafia, et d’essayer, par des propositions, d’enrayer son développement en Corse

Dix jours après l’assassinat de Jean-Antoine dit Tony, Carboni et autant de jours de tensions avivées par une série de communiqués entre la famille Carboni d’un côté et le collectif anti-maffia Massimu Susini de l’autre*, le collectif a tenu à rappeler les raisons de sa constitution, le 5 octobre 2019.

Hier matin, les membres fondateurs du collectif se sont donc retrouvés devant les grilles du palais de justice d’Ajaccio pour couper court, selon les termes de Jérôme Mondoloni, avocat et également membre de l’association de défense de l’environnement ABCDE, « à l’escroquerie intellectuelle » qui présente les assassinats de Cargèse comme une vendetta et une guerre familiale.

Le collectif, rappellent-ils, s’est constitué pour lutter contre l’emprise mafieuse et la mainmise du territoire de Cargèse par une « bande de jeunes voyous » du village, en lien avec « des bandes plus installées à Ajaccio ». Une lutte qui n’est, poursuivent-ils, que la continuation de celle menée par Massimu Susini et la raison même, affirment-ils, de l’assassinat, il y a bientôt un an, du militant indépendantiste de 36 ans.

Cinq membres du collectif se sont succédé à la tribune (d’abord Jérôme Mondoloni, puis son président, le poète Rinatu Coti, Manette Battistelli, Vincente Cucchi d’ABCDE et le comédien Pierre-Laurent Santelli), pour souligner, une nouvelle fois, « la faillite des pouvoirs régaliens, de l’État et de la justice en Corse ». Ainsi, l’enquête sur l’assassinat de Massimu Susini n’a, assurent-ils, encore « débouché sur aucune interpellation ».

« Son nom, son visage sont partout »

Ils ont également tenu à préciser qu’ils n’ont « jamais accusé nommément personne, et que d’ailleurs personne ne les a accusés de calomnier ou de diffamer ». La seule critique à laquelle ils ont eu à faire face, poursuivent-ils, c’est que « la mafia n’existe pas » : « Cette critique fait aujourd’hui sourire tout le monde. S’il y a un combat que le collectif a gagné, c’est bien celui de l’idée que la mafia est désormais une réalité en Corse et qu’elle est tentaculaire. »

Pour le collectif, « Massimu Susini a été assassiné parce qu’il s’est opposé physiquement et en paroles à la bande de crapules et à leur chef qui veulent mettre le village sous coupe réglée. La nouveauté amère, pour les mafieux, c’est que Massimu Susini, onze mois après, est toujours avec nous. Sempre Vivu. »

Les membres du collectif font ici référence à l’effigie de Massimu Susini, désormais présente sur de nombreux murs de l’île : « Son nom, son visage sont partout, c’est intolérable pour les petits mafieux, alors ils profanent, ils tirent sur son visage, ils mettent le feu à ce qui était son gagne-pain », poursuivent-ils, rappelant ainsi la tentative d’incendie, il y a une quinzaine de jours, de la paillote 1768. Enfin, ils rappellent le travail qu’ils ont effectué depuis un an, les réunions avec les élus de l’Assemblée de Corse, de l’Exécutif, celles en préfecture, leur demande pour introduire dans la loi le crime « d’association mafieuse », la saisie et confiscation des biens de toute personne soupçonnée d’association mafieuse ainsi que l’élargissement et la consolidation du statut de coopérateur de justice « afin de fragiliser le crime organisé et de donner aux criminels la possibilité de s’amender ».

Ils espèrent que les députés corses porteront devant l’Assemblée nationale cette dernière demande.

Source : https://corsematin.com/articles/collectif-massimu-susini-ce-nest-pas-une-vendetta-111716