Alta Frequenza – U Culletivu Massimu Susini réagit après la visite du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin

U Culletivu Massimu Susini réagit après la visite du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en Corse.

« Mr Darmanin nous invite à ne pas photocopier la législation italienne » pourtant reconnue comme « conforme à l’intérêt général » par la cour européenne des Droits de l’Homme, dit le collectif.

Et d’ajouter « notre drame (…) c’est qu’en Corse, si ces lois anti-mafias ne sont pas écrites avec de l’encre, elles le seront avec du sang ».

Pour Jean-Toussaint Plasenzotti « si la mafia tue, le silence tue aussi ».

Écoutons l’analyse de Jean-Toussaint Plasenzotti


Hà riagitu u Cullittivu Massimu Susini, dopu à a visita llu ministru francesu di l’internu in Corsica.

« M. Darmanin ci invita à ùn fotocuppià à lighjislazioni taliana : eppuri hè ricunnisciuta cunforma à l’intaressu ginirali da a Corti Aurupeana di i Dritti di l’Omu », spieca u Cullittivu chì cuntinuvighja dindu chì « u nosciu drama… hè chì in Corsica, sè issi legi antimaffia ùn sò scritti cù l’inchjostru, ani da essa scritti cù u sangu. Sappiati chì s’idda tumba a maffia, tumba ancu u silenziu ».

France 3 Via Stella – Collectif Massimu Susini : « Gérald Darmanin a du mal avec le mot mafia »

On aurait pu penser que les annonces du ministre de l’Intérieur, lors de sa venue en Corse, auraient satisfait le collectif anti mafia Massimu Susini. Mais ce dernier estime que, pour lutter contre quelque chose, il faut d’abord commencer par le nommer correctement.

Pour reprendre une expression si chère aux représentants syndicaux, après la venue du ministre de l’Intérieur en Corse, le compte n’y est pas. C’est du moins la position du collectif anti-mafia Massimu Susini. 

Certes Gérald Darmanin a annoncé des moyens supplémentaires, mais pour lutter contre quoi, exactement ? C’est la question que soulève Jean-Jérôme Mondoloni, du collectif. Le terme de mafia, une nouvelle fois, a été écarté. « Monsieur Darmanin a du mal avec ce mot », affirme Jean-Jérôme Mondoloni.

« Pinailler »

Lors de sa visite à la DDSP de Bastia, jeudi 21 juillet, le locataire de la place Beauvau s’est longuement exprimé sur le sujet de « la criminalité corse », dénonçant « la grande criminalité organisée », « le trafic de stupéfiants », « les groupes claniques ». Et lorsqu’on lui a demandé pourquoi il évitait d’utiliser le terme mafia, Gérald Darmanin a répondu « moi, je parle français, et en français, mafia, ça veut dire criminalité organisée »

Pour autant, sur notre plateau, le soir même, Gérald Darmanin utilisera bien le terme, accompagné d’une discrète précaution oratoire : « si j’ose dire »

Selon le collectif Massimu Susini, « les Corses assistent à une cacophonie assez considérable. On parle de mafia sans parler de mafia. Tout cela fait désordre, on a besoin de clarté ». Et Jean-Jérôme Mondoloni d’ajouter, assez amer : « on a fait une demande officielle pour rencontrer monsieur Darmanin, et on n’a pas eu le droit à une seule réponse. Pourquoi, on ne le sait pas. Peut-être parce que nous, nous employons le mot mafia… »

Ils ne sont pas les seuls à dénoncer cet état de fait. L’autre collectif, A Maffia No, A Vita Iè, a également adressé le même reproche à Gérald Darmanin, à plusieurs reprises. 

Corse, Sicile, même combat ?

Devant les annonces du ministre, le collectif Massimu Susini reste dubitatif. « On a besoin qu’on nous dise concrètement comment on va lutter contre la mafia. Par quels moyens légaux ». Ce qui a suscité l’agacement du collectif, c’est le refus du gouvernement français de s’inspirer des dispositifs italiens.

Jeudi dernier, son représentant, en visite sur l’île, déclarait : « la criminalité organisée en Corse n’est pas la même que dans les autres îles de la Méditerranée. Ce n’est pas la même qu’en Sicile, qu’en Sardaigne, que sur le continent. Je crois qu’il ne faut pas forcément photocopier les dispositifs d’autres pays, ou d’autres territoires. Il y a des spécificités corses, et il faut peut-être adapter nos moyens d’actions, pourquoi pas législatifs, à cette spécificité, sans nécessairement les recopier sur ceux des autres ». 

« A un moment où on nous parle d’harmonisation de la politique antimafia au niveau européen, il serait temps que l’Etat français et monsieur Darmanin se disent que, peut-être, notre loi n’est plus tout à fait adaptée à la complexité de ce type de criminalité organisée si singulière, et de plus en plus puissante.
Il faudrait regarder ce qui marche ailleurs, notamment en Italie, et qui a été validé par la Cour européenne des droits de l’homme… »

Reste à espérer que l’une des prochaines visites de Gérald Darmanin en Corse permette une rencontre avec les collectifs qui ont remis cette question de la criminalité organisée insulaire, ou de la mafia, quel que soit son nom, sur le devant de la scène médiatique…

Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/collectif-massimu-susini-gerald-darmanin-a-du-mal-avec-le-mot-mafia-2586792.html

Radio 24 – La Mafia nell’isola, corsi e ricorsi della storia

Siamo andati in Corsica, dove un rapporto riservato della magistratura – svelato dal quotidiano Le Monde – ha invitato il governo ad adottare una legislazione antimafia sul modello italiano: ne abbiamo parlato con Jean-Toussaint Plasenzotti (fondatore del collettivo antimafia « Massimu Susini », intitolato al nipote ucciso nel 2019), con Marie-Françoise Stefani (giornalista di France 3 Corse, autrice del libro « Une Famille dans la Mafia ») e con Federico Varese (professore di Criminologia all’Università di Oxford, esperto di mafie transnazionali).
Siamo inoltre tornati in Etiopia con la mappa di Luca Mazzali – cartografo di App&Ars che vedete sotto – e con la voce di Sisay Sahlu (Giornalista, vice direttore a The Reporter Ethiopia, il principale settimanale del paese).
Abbiamo anche analizzato l’impatto della visita della delegazione del Parlamento europeo a Taiwan con Suzanne Lynch (giornalista di Politico.eu).

Radio 24 – Nessun luogo è lontano – 5 novembre 2021

Site : https://www.radio24.ilsole24ore.com/programmi/luogo-lontano/puntata/trasmissione-05-novembre-2021-170838-AELPx1u

CNI – « Oui il y a une mafia en Corse » : un débat public à Bastia pour interroger les candidats aux territoriales

Pierre-Manuel Pescetti le Jeudi 24 Juin 2021 à 08:07

Peut-on parler de mafia en Corse ? Comment la société peut-elle se défendre ? C’était l’objet du débat public organisé à Bastia ce mercredi 23 juin par les collectifs anti-mafia Massimu Susini et A maffia nò, a vita iè. Pendant près de deux heures les membres des collectifs et le public ont pu échanger avec les représentants des listes encore présentes au second tour de ces élections territoriales.

Pendant près de deux heures, collectifs anti-mafia, candidats aux territoriales et public ont échangé autour de l'emprise mafieuse sur la société insulaire. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

Pendant près de deux heures, collectifs anti-mafia, candidats aux territoriales et public ont échangé autour de l’emprise mafieuse sur la société insulaire. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti

« Oui il y a une mafia en Corse. Il faut nommer le mal pour mieux le combattre et arrêter de s’attarder sur la sémantique ». C’est le message clamé, haut et fort, par le collectif Massimu Susini et A maffia nò, a vita iè ce mercredi 23 juin à Bastia. Tous deux étaient réunis sur le kiosque de la place Saint-Nicolas pour un débat public filmé en direct autour de l’emprise mafieuse sur la société corse et sur les pistes de solutions pour s’en défaire. Pour l’occasion, ils avaient invité un représentant de chacune des quatre listes encore présentes au second tour des élections territoriales 2021. À tour de rôle, chacun s’est exprimé sur la question.

Le terme mafia approprié ?

Pour Jean-Toussaint Plasenzotti, membre fondateur du collectif Massimu Susini « il y a une porosité très active entre la politique, le monde économique et quelques bandes mafieuses, il ne faut pas le nier ». Mais peut-on vraiment parler de mafia ? Pour Jean-Martin Mondoloni, représentant de la liste Un Soffiu Novu, « il y a bien une criminalité plus ou moins organisée sur l’île ». Le sujet reste complexe. Mécanismes de collusion, banditisme, bandes organisées. Chacun y va de son propre terme. Mais au final, tous arrivent, même timidement, à un consensus sur la sémantique.

Une collectivité impuissante ?

Sur le fond c’est autre chose. Résoudre le problème de l’emprise mafieuse est-il seulement de la responsabilité de l’Etat et de ses pouvoirs régaliens ? Ou la collectivité de Corse peut-elle participer grâce à ses outils de politique publique ? Besoin d’éducation, formation professionnelle de la jeunesse, lutte contre la spéculation foncière, lutte contre les monopoles, transparence sur les appels d’offre, modification du PADDUC, gestion publique des déchets. Les avis divergent faiblement sur les solutions que peut apporter la collectivité de Corse.

Pour Vanina Le Bomin, présente sur la liste Avanzemu pè a Corsica, « il faut travailler sur deux axes majeurs : réduire la fracture sociale et mettre en place une politique de formation forte pour notre jeunesse ». Eloigner la jeunesse du mythe de l’argent facile. L’idée est partagée par tous. Mais pour Jean-Martin Mondoloni, « la lutte doit être multisectorielle car les causes sont multiples ».

« Changer de modèle économique ». Pour Gérard Dykstra qui représentait la liste Core in fronte, il faut changer la société en profondeur et s’éloigner d’une économie résidentielle qui aggrave le phénomène mafieux.

Du côté de Fà populu inseme, représenté par le député Jean-Félix Acquaviva, les priorités sont nombreuses. Sanctionner les surprofits injustifiés dans certains secteurs, travailler sur l’éducation des nouvelles générations. « On ne peut pas fuir nos responsabilités d’élus » lance Jean-Félix Acquaviva. Cette responsabilité est celle du quotidien des Corses. Celui que gère la collectivité de Corse, malgré des prérogatives et des leviers plus faibles que ceux d’un Etat. Pourtant, pour les collectifs anti-mafia, l’institution territoriale dispose des moyens pour une lutte efficace. « Il faut que les élus, en plus de mettre en place des politiques publiques efficaces, insistent auprès de l’Etat pour mettre en place un véritable arsenal juridique rendant obligatoire la confiscation des avoirs des criminels. Il faut taper dans le portefeuille ! ».

Seule certitude pour les collectifs anti-mafia, il faut agir rapidement car « plus on attend, plus il faudra de moyens et plus ce sera difficile de s’en débarrasser ». 

Lien : https://www.corsenetinfos.corsica/Oui-il-y-a-une-mafia-en-Corse-un-debat-public-a-Bastia-pour-interroger-les-candidats-aux-territoriales_a58491.html