Corse Matin – Collectif Massimu Susini : « Ce n’est pas une vendetta ! »

Ce collectif a tenu une conférence de presse hier matin devant le tribunal d’Ajaccio. Son but, explique-t-il, n’a jamais été de venger Massimu Susini mais de lutter contre la mafia, et d’essayer, par des propositions, d’enrayer son développement en Corse

Dix jours après l’assassinat de Jean-Antoine dit Tony, Carboni et autant de jours de tensions avivées par une série de communiqués entre la famille Carboni d’un côté et le collectif anti-maffia Massimu Susini de l’autre*, le collectif a tenu à rappeler les raisons de sa constitution, le 5 octobre 2019.

Hier matin, les membres fondateurs du collectif se sont donc retrouvés devant les grilles du palais de justice d’Ajaccio pour couper court, selon les termes de Jérôme Mondoloni, avocat et également membre de l’association de défense de l’environnement ABCDE, « à l’escroquerie intellectuelle » qui présente les assassinats de Cargèse comme une vendetta et une guerre familiale.

Le collectif, rappellent-ils, s’est constitué pour lutter contre l’emprise mafieuse et la mainmise du territoire de Cargèse par une « bande de jeunes voyous » du village, en lien avec « des bandes plus installées à Ajaccio ». Une lutte qui n’est, poursuivent-ils, que la continuation de celle menée par Massimu Susini et la raison même, affirment-ils, de l’assassinat, il y a bientôt un an, du militant indépendantiste de 36 ans.

Cinq membres du collectif se sont succédé à la tribune (d’abord Jérôme Mondoloni, puis son président, le poète Rinatu Coti, Manette Battistelli, Vincente Cucchi d’ABCDE et le comédien Pierre-Laurent Santelli), pour souligner, une nouvelle fois, « la faillite des pouvoirs régaliens, de l’État et de la justice en Corse ». Ainsi, l’enquête sur l’assassinat de Massimu Susini n’a, assurent-ils, encore « débouché sur aucune interpellation ».

« Son nom, son visage sont partout »

Ils ont également tenu à préciser qu’ils n’ont « jamais accusé nommément personne, et que d’ailleurs personne ne les a accusés de calomnier ou de diffamer ». La seule critique à laquelle ils ont eu à faire face, poursuivent-ils, c’est que « la mafia n’existe pas » : « Cette critique fait aujourd’hui sourire tout le monde. S’il y a un combat que le collectif a gagné, c’est bien celui de l’idée que la mafia est désormais une réalité en Corse et qu’elle est tentaculaire. »

Pour le collectif, « Massimu Susini a été assassiné parce qu’il s’est opposé physiquement et en paroles à la bande de crapules et à leur chef qui veulent mettre le village sous coupe réglée. La nouveauté amère, pour les mafieux, c’est que Massimu Susini, onze mois après, est toujours avec nous. Sempre Vivu. »

Les membres du collectif font ici référence à l’effigie de Massimu Susini, désormais présente sur de nombreux murs de l’île : « Son nom, son visage sont partout, c’est intolérable pour les petits mafieux, alors ils profanent, ils tirent sur son visage, ils mettent le feu à ce qui était son gagne-pain », poursuivent-ils, rappelant ainsi la tentative d’incendie, il y a une quinzaine de jours, de la paillote 1768. Enfin, ils rappellent le travail qu’ils ont effectué depuis un an, les réunions avec les élus de l’Assemblée de Corse, de l’Exécutif, celles en préfecture, leur demande pour introduire dans la loi le crime « d’association mafieuse », la saisie et confiscation des biens de toute personne soupçonnée d’association mafieuse ainsi que l’élargissement et la consolidation du statut de coopérateur de justice « afin de fragiliser le crime organisé et de donner aux criminels la possibilité de s’amender ».

Ils espèrent que les députés corses porteront devant l’Assemblée nationale cette dernière demande.

Source : https://corsematin.com/articles/collectif-massimu-susini-ce-nest-pas-une-vendetta-111716