
Le collectif anti-mafia constitué à la suite de l’assassinat de Massimu Susini, le 12 septembre dernier à Carghjese s’est rassemblé hier à Corte. Une réunion suivie d’une conférence de presse pour annoncer les pistes de travail de l’association dont les statuts seront déposés sous peu.
À la tribune, le président Rinatu Coti et le secrétaire Pierre-Laurent Santelli. Face à eux, quelques-uns des 500 adhérents enregistrés jusqu’à présent.
Et sur le papier, trois axes fondamentaux : « D’abord, détaille Rinatu Coti, nous appelons les gens à une prise de conscience et à la dénonciation des violations de la loi dont ils pourraient être témoins, afin de conserver un État de droit. Ensuite, nous annonçons que le collectif se constituera partie civile dans toutes les affaires qui auront trait à ce qu’il dénonce. Enfin, nous oeuvrerons pour que les biens mobiliers et immobiliers saisis dans le cadre de procédures pour « association de malfaiteurs en vue d’une entreprise mafieuse » soient remis à des associations à but non lucratif et caritatives. »
« Nous demandons aussi que soit reconnu le statut de coopérant de justice, complète Pierre-Laurent Santelli, et qu’il comprenne une vraie protection. »
Voilà pour le cadre.
Derrière, il y a aussi et surtout une volonté farouche de ne pas laisser retomber l’élan créé par l’assassinat de Massimu Susini, d’entretenir le mouvement qui a vu le jour pour en tirer des actions et des faits.
Et si les membres du collectif ont bien conscience que ce ne sera pas facile, ils en appellent tout de même à tous les membres de la société insulaire : « Nous comptons sur le fait que beaucoup de personnes se joindront à nous, dit encore Rinatu Coti, pour mener à bien cette démarche qui, nous le savons, sera longue. Aujourd’hui, notre société est en danger et le peuple en prend conscience. C’est pour qu’elle ne sombre pas dans le néant que ce collectif a été initié. Créer une association est un démarrage, maintenant il reste à faire le chemin, ce sera difficile, mais c’est notre devoir. »
« Plus de gens se lèveront, mieux ce sera »
Et d’écorcher l’État au passage : « Que fait l’État ? Cet État qui, paraît-il, doit assurer la sécurité des citoyens, que fait-il pour nous prémunir de ce cancer épouvantable qui essaie de détruire la société tout entière pour prendre le pouvoir ? La mafia veut le pouvoir mais nous, nous ne voulons pas que cela arrive et c’est pour empêcher cela que le collectif a été créé. U Cumunu, ce mot a un sens très ancien et il rappelle que quand on fait les choses ensemble, le plus souvent on réussit. »
Et pour arriver à ses fins, le collectif compte diffuser son message le plus largement possible : « Nous allons organiser des conférences, des colloques, des rencontres, des soirées, des veillées. Nous essayerons de travailler en synergie avec les autres associations, les institutions et les collectivités susceptibles d’oeuvrer pour la lutte contre la mafia. »
Un rassemblement – dont la date reste à fixer – est d’ores et déjà prévu pour interpeller les instances juridiques et les mettre « face à leurs responsabilités ». D’autres réunions publiques viendront. « Il faut donner une réponse forte de la société face à cette gangrène qui se répand en Corse, martèle Pierre-Laurent Santelli. Toutes les personnes qui sont en phase avec le combat que nous menons sont les bienvenues. Nous travaillerons avec tous ceux qui se sentent concernés pour afficher un front uni. Il y a urgence. Plus de gens se lèveront, mieux ce sera. »