U cullittivu Massimu Susini veut faire inscrire dans la loi des dispositifs pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée.
À cet effet, une délégation (Jean-Toussaint Plasenzotti, Jean-Jérôme Mondoloni, Christiane Muretti) a eu une entrevue, hier à Bastia, avec le député de la Haute-Corse Michel Castellani.
Une autre a rencontré à Ajaccio son homologue de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Ferrara ; une entrevue similaire a eu lieu la semaine dernière avec Paul-André Colombani tandis qu’un rendez-vous est fixé, début octobre, avec Jean-Félix Acquaviva.
Le collectif anti-mafia va aussi solliciter les deux futurs sénateurs. Auparavant, il a rencontré le président du conseil exécutif Gilles Simeoni et celui de l’assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni.
S’il poursuit son action pour rappeler leurs prérogatives à l’État et à la Justice « face à la non-élucidation de la quasi-totalité des assassinats » (une audience a été demandée au procureur général), aux élus de la Collectivité de Corse « pour qu’il y ait une transparence totale dans l’attribution des marchés publics », sa démarche « entre aujourd’hui dans une autre dimension », souligne Jean-Toussaint Plasenzotti.
L’idée est de sensibiliser les parlementaires pour qu’ils portent une proposition de loi « qui reconnaisse le délit d’association mafieuse ».
La loi italienne, citée en exemple, « est appliquée dès qu’une personne est réputée avoir un lien avec le crime organisé », signale Jean-Jérôme Mondoloni, avocat honoraire, qui note également qu’elle s’attaque aux aspects les plus insidieux comme « la force d’intimidation ».
Selon le collectif, qui se réfère aussi au dispositif mis en œuvre depuis longtemps aux États-Unis et à la prise de position du Parlement européen, « une démocratie doit pouvoir exiger d’une personne qui entretient des relations avec une organisation criminelle qu’elle fasse la démonstration qu’elle a acquis ses biens avec des revenus licites et à défaut de les confisquer ».
La loi française doit d’ailleurs « aller plus loin en matière de confiscation de biens criminels », estime Jean-Toussaint Plasenzotti.
« Il faut, comme en Italie, des saisies préventives, et que cela soit obligatoire et non une possibilité. »
Le collectif prône aussi l’amélioration du statut de coopérateur de justice (« repenti ») qui en l’état actuel « n’est pas satisfaisant » et veut œuvrer auprès de la jeunesse pour « qu’elle ne soit pas fascinée par l’argent des voyous« .
S’il se réjouit du vote à l’unanimité par la CdC d’une motion sur l’évaluation des politiques publiques, le cullittivu demande aux élus territoriaux, détaille Me Mondoloni, « d’agir concrètement » en renforçant le contrôle des marchés publics « comme celui des déchets », « d’attaquer les PLU et cartes communales illégaux », « de lutter contre la spéculation immobilière et foncière » et « de ne pas laisser les associations de protection de l’environnement seules en première ligne ».
Il veut aussi « faire la jonction entre les élus de la CdC qui, après des réticences chez certains, montrent une écoute attentive et la population où l’on sent une prise de conscience face à la mafia ».
À l’initiative de députés, une réunion devrait associer, par la suite, les collectifs Massimu Susini et A maffia nò, a vita iè, les six parlementaires, le député européen, les présidents de l’exécutif et de l’assemblée de Corse.
Le député Castellani a souligné, à l’issue de cet entretien, que « la société doit reposer sur des bases saines. C’est un problème de société fondamental qui doit être traité en commun ».