Point d’orgue d’un été de violences, l’assassinat d’un jeune nationaliste corse a entraîné un mouvement d’indignation d’une ampleur inattendue. Longtemps tue, l’emprise du crime organisé sur la société insulaire est maintenant au centre du débat public.

Certains disent « mafioïsation », d’autres « mafiosisation ». Tout le monde ne s’est pas encore accordé sur le terme à employer. Mais qu’importe la version retenue : en Corse, il est sur toutes les lèvres. Il y a une semaine, un collectif s’est constitué sous l’impulsion de Léo Battesti, ex-chef du FLNC des années 80. Porté par une trentaine de personnalités de la société civile, il s’est choisi une appellation explicite à son collectif : Non à la mafia, oui à la vie. Le lendemain, devant l’assemblée de Corse, le leader nationaliste Gilles Simeoni, chef de l’exécutif régional, a admis à son tour « une dérive mafieuse ou prémafieuse en Corse ». Trois jours plus tard, à l’appel du parti nationaliste Core in Fronte, 700 personnes – dont plusieurs élus – se sont rassemblées à Corte, dans le centre de l’île, et ont débattu publiquement du problème. Longtemps tue, niée ou minimisée, l’emprise du crime organisé sur la société insulaire, en ce début d’automne, est désormais discutée au grand jour. « Quand on est citoyen, le seul pouvoir que l’on ait, c’est celui de la parole, explique l’écrivain Jérôme Ferrari, prix Goncourt 2012 et membre du collectif nouvellement créé. On ne sait pas encore sur quoi notre démarche va déboucher. On est conscients qu’on s’attaque là à un problème profond. »
Source : https://www.marianne.net/societe/en-corse-les-habitants-refusent-enfin-de-se-taire-face-la-mafia