France Bleu – La mafia en débat à Bastia

Par Hélène Battini

Y-a-t-il une mafia en Corse ? Comment y remédier ? Des questions posées ce mercredi à Bastia dans le cadre d’un débat auquel ont participé des représentants des 4 listes présentes au second tour des territoriales. Un débat public organisé par les deux collectifs, « Massimu Susini » et « Maffia Nò. »

Jean-Toussaint Plasenzotti pour le collectif "Massimu Susini" et Vanina Le Bomin candidate aux élections territoriales 2021
Jean-Toussaint Plasenzotti pour le collectif « Massimu Susini » et Vanina Le Bomin candidate aux élections territoriales 2021 – DR/

La question de la mafia s’est invitée ce mercredi à Bastia dans la campagne des territoriales, à 4 jours du second tour. Les collectifs, « Massimu Susini » et « Maffia Nò », ont en effet convié les 4 têtes de liste encore en lice à participer à un débat public. Tous ont accepté, mais se sont fait représenter. 

Y-a-t-il une mafia en Corse ?

A la question, y-a-t-il une mafia en Corse ? La réponse a été unanime, oui. Des divergences sont apparues néanmoins quant aux solutions à apporter pour éradiquer le crime organisé, notamment pour juguler la spéculation foncière, ou sur la place du public dans certains secteurs stratégiques comme les déchets ou l’eau. D’où la satisfaction mitigée de Pierre Laurent Santellli membre du collectif « Massimu Susini » : « On n’a pas de jugement de valeur à porter sur les réponses faites, diverses pistes ont été évoquées, on va travailler sur ce qui a été dit et continuer ce travail d’interpellation pour une vraie mise en œuvre des solutions évoquées ce soir. »

Une trentaine de personnes a assisté au débat ce mercredi place Saint Nicolas à Bastia
Une trentaine de personnes a assisté au débat ce mercredi place Saint Nicolas à Bastia – DR/

Un débat au cours duquel on est beaucoup resté sur le constat, le terrain sociologique voire philosophique mais très peu entré dans le concret même si les points positifs restent nombreux selon lui : « On a noté une prise en compte de nos demandes et beaucoup de réponses favorables. _Reste à dépasser le « dire » pour le « faire »_, malheureusement c’est ce qu’on a constaté au cours de la mandature et des années écoulées. »
 

« On peut encore inverser la tendance »

Josette Dall'Ava Santucci, pour le collectif « Maffia No », tire pour un bilan positif du débat
Josette Dall’Ava Santucci, pour le collectif « Maffia No », tire pour un bilan positif du débat – DR/

Josette Dall’Ava Santucci, pour le collectif « Maffia Nò », tire pour sa part un bilan positif de ces échanges : « Dire que nous sommes satisfaits de toutes les réponses, bien sûr que non, mais il n’y a pas eu les langues de bois qu’on entend trop souvent… Chacun s’est exprimé et ce que j’ai apprécié le plus c’est les interventions des jeunes dans le public. _C’est très important que les jeunes s’impliquent pour nous dire nos quatre vérités_…Le fait qu’on parle de la mafia de plus en plus, nommer les choses c’est la façon de les faire évoluer. On a vu ça dans bien d’autres domaines et dire que la mafia est partout et a toujours existé c’est faux, on peut encore l’éradiquer et inverser la tendance. »

Lien : https://www.francebleu.fr/infos/societe/la-mafia-en-debat-a-bastia-1624524892

Corse Net Infos – Cullittivu anti maffia Massimu Susini : non au projet du nouveau plan de gestion des déchets de la Corse

Dans un communiqué le Cullittivu Massimu Susini demande de retrait immédiat de la délibération concernant l’avis au projet de plan territorial de prévention et de gestion des déchets et de l’économie circulaire de la Corse. Selon lui, Un avis favorable de l’assemblée de Corse le 21 décembre engendrerait « une nouvelle étape dans la prise de pouvoir de la mafia sur la gestion déchets en Corse avec l’aval des élus et de l’Etat »

Le projet du nouveau plan de gestion des déchets de la Corse (élaboré par le Cabinet d’Etudes Elcimaï Environnement proche des multinationales qui captent aussi le marché des déchets après avoir capté celui de l’eau et ayant travaillé pour la CAPA) et le rapport qui doivent être soumis pour avis à l’Assemblée de Corse le 21 décembre prochain, s’ils reçoivent un avis favorable, engendreront une nouvelle étape dans la prise de pouvoir de la mafia sur la gestion déchets en Corse avec l’aval des élus et de l’Etat.

Ce projet, qui prône, en façade, la prévention de la production de déchets et le tri, acte pourtant deux faits majeurs:

  • Le retour probable de l’incinération avec la prévision éventuelle d’un incinérateur de140000 tonnes ou de chaudières à combustibles solides résiduels issus du tri des déchets.
    Au-delà des problèmes réels de nocivité pour la santé et l’environnement, ce projet de plan ajoute clairement une supplémentaire et très chère étape au traitement des déchets en Corse…pourtant déjà le plus cher d’Europe. Nous payerons ainsi au prix fort l’incinération alimentée par un tri médiocre, mais cher, ainsi que l’enfouissement des cendres et mâchefers et autres REFIOM (poussières toxiques captées par les filtres à envoyer en centre d’enfouissement pour produits dangereux sur le continent). Double traitement- Double transport – Double profit….
  • Le tout-privé dans la gestion des déchets:la collectivité publique construisant les équipements au prix fort et en délégant la gestion aux groupes privés, collectivisation des dépenses mais privatisation des profits.Le pendant juridique du volet technique est bien celui d’un choix conscient d’ouvrir de nouveaux marchés aux appétits les plus voraces. Pourtant la porosité entre banditisme –élus –grandes entreprises du déchet est bien connue, et l’Assemblée de Corse, avec le vote du nouveau Plan, prendrait une lourde responsabilité dans l’aggravation de l’implantation de la mafia et des grands groupes en Corse

Pour nous, trois principes fondamentaux doivent être appliqués de façon indissociable dans la gestion des déchets pour éradiquer le pouvoir de la mafia dans ce domaine et lui soustraire les marchés :

  • Définir en amont le prix acceptable de la gestion des déchets en Corse au regard d’un niveau de tri qui doit dépasser les 70 %, comme c’est le cas dans une grande partie de l’Europe aujourd’hui et notamment plusieurs régions d’Italie. Les corses paient toujours plus…pour des résultats toujours aussi médiocres. Nous sommes dans une situation de pillage organisé ou les sommes dépensées par les Collectivités augmentent sans cesse sans analyses du rapport prix/efficacité
  • Gérer de façon 100 % publique (soit en régie, soit sous forme de Sociétés Publiques Locales associant la CDC et les intercommunalités) les collectes, les installations structurantes(centres de tri, grandes plateformes de compostage…),le transport ainsi que la valorisation et la revente des matériaux triés.
  • Être autonomes dans nos modes de traitement: ne pas exporter nos déchets et appliquer en urgence les mesures de collecte de tri et de compostage indispensables pour réduire l’enfouissement à moins de 30 %
    A quand la cohérence entre les discours et les actes? Quand sortiront nous enfin de la spirale nocive du trafic des déchets?

Source : https://www.corsenetinfos.corsica/Cullittivu-anti-maffia-Massimu-Susini-non-au-projet-du-nouveau-plan-de-gestion-des-dechets-de-la-Corse_a54313.html

Corse Matin – Le collectif Massimu Susini veut inscrire la lutte anti-mafia dans la loi

Photo Jonathan Mari

U cullittivu Massimu Susini veut faire inscrire dans la loi des dispositifs pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée.

À cet effet, une délégation (Jean-Toussaint Plasenzotti, Jean-Jérôme Mondoloni, Christiane Muretti) a eu une entrevue, hier à Bastia, avec le député de la Haute-Corse Michel Castellani.

Une autre a rencontré à Ajaccio son homologue de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Ferrara ; une entrevue similaire a eu lieu la semaine dernière avec Paul-André Colombani tandis qu’un rendez-vous est fixé, début octobre, avec Jean-Félix Acquaviva.

Le collectif anti-mafia va aussi solliciter les deux futurs sénateurs. Auparavant, il a rencontré le président du conseil exécutif Gilles Simeoni et celui de l’assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni.

S’il poursuit son action pour rappeler leurs prérogatives à l’État et à la Justice « face à la non-élucidation de la quasi-totalité des assassinats » (une audience a été demandée au procureur général), aux élus de la Collectivité de Corse « pour qu’il y ait une transparence totale dans l’attribution des marchés publics », sa démarche « entre aujourd’hui dans une autre dimension », souligne Jean-Toussaint Plasenzotti.

L’idée est de sensibiliser les parlementaires pour qu’ils portent une proposition de loi « qui reconnaisse le délit d’association mafieuse ». 

La loi italienne, citée en exemple, « est appliquée dès qu’une personne est réputée avoir un lien avec le crime organisé », signale Jean-Jérôme Mondoloni, avocat honoraire, qui note également qu’elle s’attaque aux aspects les plus insidieux comme « la force d’intimidation ».

Selon le collectif, qui se réfère aussi au dispositif mis en œuvre depuis longtemps aux États-Unis et à la prise de position du Parlement européen, « une démocratie doit pouvoir exiger d’une personne qui entretient des relations avec une organisation criminelle qu’elle fasse la démonstration qu’elle a acquis ses biens avec des revenus licites et à défaut de les confisquer ». 

La loi française doit d’ailleurs « aller plus loin en matière de confiscation de biens criminels », estime Jean-Toussaint Plasenzotti.

« Il faut, comme en Italie, des saisies préventives, et que cela soit obligatoire et non une possibilité. » 

Le collectif prône aussi l’amélioration du statut de coopérateur de justice (« repenti ») qui en l’état actuel « n’est pas satisfaisant » et veut œuvrer auprès de la jeunesse pour « qu’elle ne soit pas fascinée par l’argent des voyous« .

S’il se réjouit du vote à l’unanimité par la CdC d’une motion sur l’évaluation des politiques publiques, le cullittivu demande aux élus territoriaux, détaille Me Mondoloni, « d’agir concrètement » en renforçant le contrôle des marchés publics « comme celui des déchets », « d’attaquer les PLU et cartes communales illégaux », « de lutter contre la spéculation immobilière et foncière » et « de ne pas laisser les associations de protection de l’environnement seules en première ligne ». 

Il veut aussi « faire la jonction entre les élus de la CdC qui, après des réticences chez certains, montrent une écoute attentive et la population où l’on sent une prise de conscience face à la mafia ».

À l’initiative de députés, une réunion devrait associer, par la suite, les collectifs Massimu Susini et A maffia nò, a vita iè, les six parlementaires, le député européen, les présidents de l’exécutif et de l’assemblée de Corse.

Le député Castellani a souligné, à l’issue de cet entretien, que « la société doit reposer sur des bases saines. C’est un problème de société fondamental qui doit être traité en commun ».

Source : https://www.corsematin.com/articles/le-collectif-massimu-susini-veut-inscrire-la-lutte-anti-mafia-dans-la-loi-112411